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Chirurgie du genou par arthroscopie - zoom sur deux opérations fréquentes - les ligaments croisés et la chirurgie méniscale

le 13/11/2025

L'arthroscopie a révolutionné la chirurgie du genou en permettant des interventions moins invasives et une récupération plus rapide. Pour mieux comprendre cette technique et ses applications les plus courantes, nous avons échangé avec le Dr Alexandre Hardy, chirurgien orthopédique à la Clinique du sport à Paris (Ramsay Santé).

L'arthroscopie : une révolution technique

L'arthroscopie du genou repose sur un principe technique précis. « Nous gonflons l'articulation avec du sérum physiologique pour créer un espace de travail tout en limitant les saignements », explique le Dr Hardy. Cette technique mini-invasive, réalisée par de très petites incisions, permet une irrigation continue qui présente un double avantage : elle nettoie l'articulation en permanence et réduit considérablement les risques infectieux. « Nous pouvons ainsi explorer l'ensemble de l'articulation et traiter plusieurs lésions dans le même temps opératoire », précise le chirurgien.

Rupture des ligaments croisés 

Les ruptures du ligament croisé antérieur (LCA) représentent une pathologie très fréquente, avec 75 % des cas survenant lors de la pratique sportive.

Quand faut-il opérer ?

Le choix thérapeutique doit avant tout être éclairé et personnalisé. « La décision appartient toujours au patient, après une information complète sur les bénéfices et risques de chaque option », souligne le Dr Hardy. Cette réflexion s'appuie néanmoins sur plusieurs critères médicaux objectifs : la présence de lésions secondaires d'instabilité, notamment des lésions méniscales nécessitant une suture pour protéger l'avenir du genou, et l'existence d'une instabilité persistante malgré une rééducation bien menée.

Pour certaines populations, patients jeunes pratiquant des sports à pivot, l'expérience clinique suggère que la chirurgie peut être préférable. « Dans la littérature, nous observons qu'environ la moitié des patients ayant opté pour la rééducation seule consultent à nouveau dans les six mois pour une gêne persistante et souhaitent ensuite se faire opérer ».

Déroulement de l'intervention

Le Dr Hardy insiste sur l'importance de la préparation pré-opératoire : « Il est essentiel d'expliquer au patient qu'une reconstruction du ligament croisé nécessite une excellente préparation du genou, avec un rôle très important des kinésithérapeutes en amont de l'opération. »

La reconstruction du LCA par arthroscopie nécessite une auto-greffe, prélevée sur les tendons des ischio-jambiers ou le ligament patellaire du patient. Le tissu prélevé est ensuite modelé pour reconstituer le trajet et le rôle biomécanique du ligament rompu.

Après l'intervention, « la première semaine doit être consacrée à la récupération avec glaçage du genou, début de rééducation et traitement antalgique adapté à chaque patient. » Le retour progressif aux activités s'échelonne ensuite : télétravail possible dès la semaine suivante, activité de bureau classique après environ un mois.

La chirurgie méniscale 

Les ménisques jouent un rôle crucial dans la biomécanique du genou. « Ce sont les véritables amortisseurs du genou. Ils permettent de répartir au mieux les contraintes entre le fémur et le tibia, protégeant ainsi contre l'évolution arthrosique », explique le chirurgien.

Deux types de lésions, deux approches

Les lésions méniscales se divisent en deux catégories distinctes :

  • Les lésions traumatiques, observées plutôt chez les patients jeunes, avant 40 ans, et nécessitent prioritairement une suture méniscale plutôt qu'une ablation.
  • Les lésions dégénératives après 40 ans. Souvent asymptomatiques et découvertes fortuitement lors d'examens IRM, elles ne justifient généralement pas d'intervention chirurgicale. Le traitement médical reste privilégié dans ces situations (infiltrations articulaires ou péri-articulaires, rééducation, semelles) sauf si ces lésions deviennent réellement symptomatiques et gênantes pour le patient malgré le traitement médical.

Réparer plutôt que retirer

La philosophie moderne de la chirurgie méniscale se résume au slogan « Save the meniscus » (sauver le ménisque). « Tous les chirurgiens orthopédiques sont incités à privilégier la suture plutôt que l'ablation quand cela est possible », précise le spécialiste. 

La ménisectomie (ablation du ménisque) augmente les probabilités d'arthrose, bien que ce risque dépende de plusieurs facteurs et puissent notamment être augmenté dans certains cas tels que l’absence ou peu d’activité physique, la présence d'un surpoids ou d’une obésité, ainsi que par la morphologie du genou - les genoux en X sollicitant davantage le compartiment externe, tandis que les genoux arqués augmentent les contraintes sur le compartiment interne.

 

Prévention et innovations

Protocoles préventifs

La prévention, particulièrement pour les ruptures du LCA, repose sur des protocoles validés scientifiquement. « Les protocoles ESVP (échauffement structuré à visée préventive) tels que FIFA 11+ sont fortement conseillés pour les sports pivot. Durant une vingtaine de minutes, ils sont à réaliser deux à trois fois par semaine », recommande le Dr Hardy. Ce programme a démontré son efficacité pour diminuer considérablement les ruptures secondaires chez les sportifs.

Avancées techniques prometteuses

Deux innovations majeures transforment actuellement la pratique. 

- La prévention des infections par vancomycine : cette technique consiste à faire tremper les greffons ligamentaires dans un antibiotique (vancomycine) avant leur implantation. Cette méthode permet de faire quasiment disparaître les infections post-opératoires, réduisant un risque déjà faible de 1 % à pratiquement zéro.

- Le renforcement antérolatéral : cette procédure complémentaire agit comme une “ceinture de sécurité" pour le ligament croisé reconstruit. Elle consiste à ajouter un renfort ligamentaire sur la face externe du genou pour limiter les mouvements de rotation excessive. Chez les populations les plus à risque de récidive — notamment les jeunes sportifs pratiquant des sports pivots — cette technique permet de diviser par quatre à six le risque de nouvelle rupture, selon une étude menée à la Clinique du sport.

L'arthroscopie du genou continue d'évoluer, offrant aux patients des traitements de plus en plus précis et sûrs. Cette technique, désormais mature, permet de préserver au maximum les structures articulaires tout en assurant une récupération optimale.